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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Louis Petit - prêtre Version imprimable

PETIT, LOUIS, prêtre des Missions étrangères du séminaire de Québec ; vicaire général de Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), Pentagouet, le fleuve Saint-Jean et les côtes de l’Acadie, de 1676 à 1690 et de 1691 à 1693, né à Belzane, diocèse de Rouen, en 1629, fils d’Adrien Petit et de Catherine Dufloc, décédé à Québec le 3 juin 1709 et inhumé dans la cathédrale.

Petit embrassa très jeune la carrière militaire. Il fut capitaine dans le régiment de Carignan-Salières et arriva à Québec le 19 juin 1665. Il travailla à la construction du fort Richelieu (près de Sorel). Secrétaire de Mgr de Laval pendant ses études au séminaire, il fut ordonné prêtre par ce dernier à Québec le 21 décembre 1670. De 1670 à 1676, il était aumônier du fort Richelieu, desservant aussi Saint-Ours et Contrecœur. Il fut nommé vicaire général de l’Acadie en 1676, devenant le premier prêtre à y représenter l’évêque de Québec en cette qualité. Il fixa sa résidence à Port-Royal, chef-lieu administratif et entrepôt général des pelleteries.

Petit fut un insigne promoteur de l’instruction chez les Acadiens de cette région. Il entretint un instituteur qui, tout en enseignant aux garçons de la paroisse, fut pour lui un précieux compagnon : « Cet homme [Pierre Chenet Dubreuil qui occupa le poste de procureur du roi, et celui de juge à Port-Royal en 1690] est le seul avec qui je puisse m’entretenir de Dieu à cœur ouvert, n’ayant d’ailleurs dans le voisinage nul secours spirituel depuis neuf ans que je suis sans compagnon, & sans conseil au milieu de mille difficultés. » À sa demande, Mgr de Saint-Vallier [La Croix] lui envoya, en 1685, une sœur de la congrégation de Notre-Dame qui prit la direction d’un pensionnat pour jeunes filles et, en 1686, l’abbé Geoffroy, qui joua le rôle de conseiller en pédagogie et de responsable de la construction des écoles.

Le 19 mai 1690, William Phips, parti de Boston, se présenta devant Port-Royal et somma le gouverneur de l’Acadie, Louis-Alexandre Des Friches de Meneval, de se rendre. Ce dernier, faute d’officiers, demanda à l’abbé Petit de négocier la capitulation. Petit obtint de Phips des conditions honorables mais qui furent vite violées. L’église fut incendiée et les maisons pillées. On s’empara du gouverneur, de l’abbé Petit et de son assistant, l’abbé Trouvé, qui furent emmenés en captivité à Boston. À l’automne de la même année, les deux missionnaires furent placés sur un des bateaux que Phips conduisit vers Québec. L’amiral anglais dut renoncer à son désir de conquête et avant son départ il y eut échange de prisonniers, dont les abbés Petit et Trouvé. L’abbé Petit retourna à Port-Royal pour y rebâtir l’église et le presbytère.

En 1693, il se retira au séminaire de Québec auquel il était agrégé depuis 1687. Curé de Notre-Dame-de-l’Annonciation de l’Ancienne-Lorette de 1703 à 1705, il refusa le canonicat. Dans l’incendie du séminaire de Québec, en 1705, il faillit périr et il dut sauter du quatrième étage. Il fut hébergé avec Mgr de Laval au collège des Jésuites.

D’aucuns, dont François-Marie Perrot, ont soutenu que Petit était un anglophile et qu’il avait facilement accepté la reddition de Port-Royal. L’exagération de ces accusations semble être confirmée par le récit détaillé de la prise de Port-Royal donné par Petit et Trouvé, ainsi que par Dubreuil et le gouverneur ; de plus, le fait que l’abbé Petit ait pu reprendre sa cure après sa libération va à l’encontre de ces affirmations. Quant à la prise de Port-Royal, le récit explique le geste des Français par l’état qui prévalait alors : « a Sans fort ny aulcune sorte de fortifications, qu’il n’y avoit environ que soixante dix soldats chétifs, mal arméz et plus mal intentionnés, que les habitants, soit par appréhension ou aultre motif, ne s’etoient rendu qu’au nombre de trois auprès de Monsieur le Gouverneur, et qu’outre cela » la maladie de ce dernier le réduisait à l’inaction « et voyant les ennemis nombreux et en estat de mettre à terre plus de huict cents hommes en une demye heure, [le gouverneur] crut qu’il estoit à propos d’entrer dans quelque sorte d’accomodement avec eulx. »

Gérard Desjardins


Source

AN, Col., C11D, 2, ff.169, 174.— Placide Gaudet, Notes généalogiques (document conservé aux APC et aux Archives de l’université de Moncton).— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., II, 6–8, 12s.— Journal of expedition against Port Royal, 1690, RAC, 1912, append. E.— Provost, Le séminaire de Québec : documents et biographies, 419.— Saint-Vallier, Estat présent de l’Église, 102.— J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien-français (6 vol. Montréal, 1910–1934), I : 429.— Caron, Prêtres séculiers et religieux, BRH, XLVII (1941) : 225.— Bernard, Le drame acadien, 184–186.— Casgrain, Les Sulpiciens en Acadie, 66s.— Gosselin, L’Église du Canada, I : 85, 178.— Omer Le Gresley, L’enseignement du français en Acadie (Mamers, 1926), 46s.— Robert Rumilly, Histoire des Acadiens (2 vol., Montréal, [1955]), I : 117, 128.
© 2000 University of Toronto/Université Laval
Source document :
Dictionnaire biographique du Canada en ligne
, Bibliothèque nationale du Canada et archives nationales du Canada



Dernière mise à jour : ( 22-02-2009 )
 
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