Cadre religieux |
L'un des premiers cadres que les Acadiens tenteront de se doter concernera la vie religieuse. Jusqu'en 1817, les provinces Maritimes feront partie, au point de vue ecclésiastique, du vaste diocèse de Québec. Lourde tâche que celle de l'évêque. Au cours de la Guerre de Sept Ans (1756-1763), le diocèse a perdu un cinquième de son clergé, à cause des départs et des décès. De plus, les conquérants britanniques n'acceptaient pas facilement qu'un évêque catholique romain réside dans un territoire britannique. Le Traité de Paris lui-même précise que les vaincus pourront professer leur religion "en autant que le permettent les lois de la Grande-Bretagne". La mort de l'évêque en 1760 complique encore la situation dans ce diocèse où un clergé moins nombreux doit s'occuper d'une population qui augmente. Londres acceptera la nomination d'un nouvel évêque en la personne de Mgr Joseph-Olivier Briand en 1766 seulement. L'Angleterre refusera toutefois de reconnaître son titre d'évêque, lui accordant strictement celui de «Surintendant de l’Église romaine». À cause de l'étendue de son territoire, le missionnaire ne pouvait visiter les différentes régions qu'une fois ou deux par année. L'Île du Prince-Édouard fut privée de la visite même de prêtres pendant cinq ans, soit de 1785 à 1790. Pour pallier à l'absence du missionnaire, l'évêque octroyait à certains individus le pouvoir de baptiser, présider aux enterrements et recevoir les promesses en mariage. Ces laïcs catéchisaient, présidaient aux «messes blanches», etc. Quant au missionnaire, il vivait de la dîme qui était payée en nature, très rarement en argent. Chaque famille lui remettait 1/26 de la récolte de patates, de grains, parfois en huîtres. Les paroissiens entreposaient ces patates dans une «cave de dehors» attenante à l'église Le missionnaire profitait ensuite du passage d'un navire pour les acheminer vers un marché où il les vendait. Malgré le passage peu fréquent du missionnaire, chaque localité devait construire sa chapelle et son petit presbytère. À cet effet, chaque famille devait fournir un certain nombre de jours de travail en même temps qu'une partie des matériaux de construction. Souvent, des querelles s'élevaient au sujet de l'administration temporelle des paroisses: telle localité devait-elle payer la dîme même si le missionnaire ne l'avait pas visitée au cours de l'année? Le donateur du terrain de l'église jouissait-il d'un banc gratuit à l'église? Fallait-il vendre les bancs d'église à l'encan ou pour un prix fixe? Les bancs devaient-ils être adjugés à chaque année ou pour la vie durant de l'acheteur? À quel endroit précis devait-on construire l'église? Autant de questions fortement débattues dans les paroisses acadiennes du début du 19e siècle. De plus en plus conscient qu'une réorganisation s'imposait dans les structures de son diocèse, Mgr Plessis recommanda finalement une division de celui-ci, d'ailleurs, les Écossais et les Irlandais le réclamaient depuis longtemps. C'est ainsi qu'en 1817, Rome érigeait la Nouvelle-Écosse (péninsulaire) en vicariat apostolique relevant directement du Saint-Siège. En 1819, c'était le tour de l'Île du Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick à être détachés de Québec. Les deux provinces furent incluses dans un même diocèse avec siège épiscopal à Charlottetown. Jusqu'en 1829, le diocèse de Charlottetown demeura toutefois un évêché dépendant de celui de Québec. Dans les deux cas, les charges épiscopales échurent à des non-Acadiens, un Écossais devint évêque à Halifax et un Irlandais le devint à Charlottetown. Mais les prêtres québécois oeuvrant aux Maritimes, notamment ceux du Nouveau-Brunswick, continuèrent à relever du diocèse de Québec jusqu'en 1842, année où cette région fut détachée du diocèse de Charlottetown pour former un diocèse autonome avec siège épiscopal à Fredericton. Dans ce dernier cas également, on préféra nommer un non-Acadien, soit Mgr Dullard, d'origine irlandaise.
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Dernière mise à jour : ( 29-07-2008 ) |