La vie nationale

 

Dès le début, les premiers finissants qui sortirent des collèges Saint-Joseph et Saint-Louis exercèrent leur influence.

En 1880, la société Saint-Jean-Baptiste du Québec invita les Acadiens à participer à son congrès tenu à Québec. Une quarantaine d'Acadiens, chefs de file des différentes régions des Maritimes, répondirent à l'appel. Durant ce congrès, ils résolurent d'organiser un congrès acadien l'année suivante.

Le premier congrès national acadien eut lieu à Memramcook en 1881 auquel participèrent plus de 5,000 personnes. On y fonda la Société nationale l'Assomption et on choisit la Sainte Vierge comme patronne sous le même vocable. On confia à l'abbé François-Marcel Richard la responsabilité de choisir le modèle d'un drapeau acadien.

Le deuxième congrès eut lieu à Miscouche (I.P.-É.) en 1884. Dans un enthousiasme indescriptible, on adopta le drapeau bleu, blanc, rouge, avec l'étoile dorée de Marie dans la partie bleue, comme drapeau acadien et l'hymne national Ave Maris Stella. (Ce drapeau avait été confectionné par Marie Babineau).


Des congrès semblables se succédèrent à intervalle de cinq ou six ans dans différentes régions acadiennes des Maritimes, à Church Point en 1890, à Arichat en 1900, à Caraquet en 1905, etc.

Ces Assemblées nationales permettaient une prise de conscience des besoins des Acadiens, des orientations fondamentales à privilégier, des projets importants à entreprendre, des succès et insuccès rencontrés dans telle oeuvre déjà commencée, etc.

Les chefs d'alors, tels Pascal Poirier, Pierre-Amand Landry, l'abbé Marcel-François Richard, le docteur Albert Sormany et les autres qui émergèrent, étaient des gens dévoués à la cause de la fierté acadienne. Ils y ont sacrifié beaucoup de leur temps et de leur argent. Parmi les autres militants nationalistes acadiens que l'on appelait à l'époque «l'élite acadienne» (l'Élite de la Renaissance Acadienne) on retrouve également : Joseph-Octave Arsenault, Fidèle Belliveau, Lucien-J. Belliveau, Philippe-L. Belliveau, Philéas-Frédéric Bourgeois, François-Xavier Cormier, Joseph R. Doucet, Stanislas-J. Doucet, Gilbert-Anselme Girouard, Hubert Girroir, Urbain Johnson, Valentin Landry, Olivier-J. Leblanc, Camille Lefebvre, Louis-Joseph Ouellet, Stanislas-François Poirier (Perry), Ferdinand Robidoux et Onésiphore Turgeon. Ces personnages étaient des Intervenants aux conventions nationales de Memramcook (1881), Miscouche (1884) et Pointe-de-l'Église (1890).

Ces congrès offraient à l'ensemble des Acadiens l'occasion de s'exprimer par leurs représentants et d'être sensibilisés aux questions relatives à leur survie et leur progrès. On y traitait d'éducation, de colonisation, de questions religieuses (la nomination d'un évêque acadien et les paroisses acadiennes à instituer), de journaux acadiens, de livres à écrire et diffuser, ainsi que de projets spéciaux à poursuivre tel le Parc de Grand-Pré.

Grâce au poème Évangéline de Longfellow, Grand-Pré était devenu un lieu historique cher au coeur de tout Acadien.

John Frédéric Herbin, dont le père était un Français et sa mère une Acadienne, s'intéressa à l'histoire de Grand-Pré et il écrivit trois volumes sur ce lieu historique.

Il acheta le terrain de l'emplacement où se trouvait l'église de Grand-Pré en 1755 qu'il céda ensuite à la compagnie de chemins de fer Dominion Atlantic pour en faire un parc historique. Cette dernière compagnie céda à son tour ce terrain à la Société L'Assomption en 1919 à condition qu'elle y construise une église-souvenir.

Une souscription fut aussitôt lancée et menée à bonne fin grâce au Père A.-D. Cormier. Cette église fut inaugurée en 1923 par de grandes fêtes et un nombre imposant de participants.

Remis au département fédéral des sites historiques, ce parc est devenu un attrait touristique majeur en Nouvelle-Écosse.

La Société nationale fondée en 1881 organisa des congrès assez régulièrement jusqu'en 1937 et influença profondément la vie acadienne. Suivirent 18 années d'inactivités jusqu'en 1955, alors que sous son égide, furent organisées les fêtes du bicentenaire de la Dispersion de façon grandiose. En 1957, on convoqua un congrès pour donner de nouvelles structures à cette société. On laissa tomber le terme L'Assomption dans le nom, qui prêtait à confusion avec la Société mutuelle de l'Assomption, et on choisit celui de Société nationale des Acadiens. On établit un secrétariat permanent et on délimita son champ d'activités en tenant compte de l'existence des nouvelles associations d'éducation et autres. Enfin, elle est devenue dernièrement une fédération des trois sociétés acadiennes provinciales.






Source :
Petit manuel d'histoire d'Acadie, Les Acadiens de 1867 à 1976, Librairie Acadienne, Université de Moncton, Père Anselme Chiasson, 1976


Dernière mise à jour : ( 31-07-2008 )