Nicolas Gargot De La Rochette |
GARGOT DE LA ROCHETTE, NICOLAS, surnommé Jambe de Bois, lieutenant, capitaine de marine et chevalier de Saint-Michel, gouverneur de Plaisance, né le 20 février 1619, à La Rochelle (France), d’Hilaire Gargot et d’Anne Lardeau, décédé et inhumé au même endroit le 16 décembre 1664. Gargot était petit-fils du marin rochelais Jacques Lardeau, qui avait sauvé la vie au jeune Henri IV. Son père, homme fort respectable, était marchand huguenot, mais n’appartenait pas à la haute bourgeoisie. Nicolas se convertit au catholicisme. Jean, son frère aîné, fit du commerce sur les côtes d’Afrique et devint capitaine entretenu dans la marine. Soldat à 13 ans, Nicolas prit part à un combat contre les Espagnols sur la Méditerranée en 1636 et à l’attaque des îles Sainte-Marguerite en 1637. On le retrouve en Acadie en 1638 comme commissaire et garde-magasin. Il y exerça également la charge de lieutenant de Charles de Saint-Étienne de La Tour et contribua à l’amélioration du fort sur la rivière Saint-Jean. En revenant d’Acadie en 1639, Gargot fut capturé par les Espagnols. Après avoir recouvré sa liberté, il fut commis à la garde des côtes en Bretagne. Il s’associa à La Tour contre Menou d’Aulnay, et se rendit à Boston et en France afin de solliciter de l’aide contre leur ennemi commun dont le fort, situé à Port-Royal, fut effectivement attaqué en 1643. Créé commissaire d’artillerie en 1645, Gargot servit au siège de La Mothe, en Lorraine, où il perdit une jambe. Promu capitaine de vaisseau en 1648, il contribua à la victoire de Castellammare. À l’été de 1650, il cingla vers Terre-Neuve où il eut des démêlés avec des pêcheurs espagnols. L’année suivante, il fut constitué prisonnier par son équipage rebelle et livré aux autorités espagnoles. Libéré, il rentra en France et s’employa à servir son pays. En 1658, il fut admis dans l’ordre de Saint-Michel. Vers la même époque, le roi lui octroya le port de Plaisance (Placentia) à titre de fief héréditaire et une concession de 26 lieues de profondeur sur la côte méridionale de Terre-Neuve. Effectivement, c’est en 1660 qu’une commission royale désignait Gargot comte de Plaisance et gouverneur de l’île. Le surintendant des finances, Nicolas Fouquet, qui avait des intérêts dans cette région, n’était pas étranger à cette nomination. Les Anglais s’étant introduits dans son fief, Gargot s’y rendit à là tete d’une expédition navale et s’empara des établissements du Grand-Plaisance, du Petit-Plaisance et du Petit-Paradis. L’année suivante, le roi fit droit à une requête des habitants de la contrée et duché de Bretagne en défendant à Gargot de les molester dans leur pêche à Terre-Neuve. Gargot appareilla pour cette île en juillet 1662 avec l’Aigle d’or et la Flûte royale. Au cours du voyage, qui dura quatre mois, le scorbut fit plusieurs victimes. L’année suivante, Gargot entreprit le même voyage avec l’Aigle d’or et le Jardin-de-Hollande. Seul ce dernier navire, commandé par le capitaine Jean Guillon, aborda à Terre-Neuve ; l’Aigle d’or continua vers Québec, portant à son bord le premier évêque du Canada, Mgr de Laval, le gouverneur de Saffray de Mézy, le commissaire Gaudais-Dupont et un certain nombre de troupes. Guillon apprit à Plaisance que les soldats de la garnison, l’hiver précédent, avaient assassiné le gouverneur Du Perron, son frère et l’aumônier du fort, puis avaient commencé de s’entretuer. Il réussit à capturer quelques-uns des coupables et les remmena à Québec, où Gargot fit leur procès et fit pendre l’un des assassins sur un radeau. Rentré en France, Gargot fit un voyage en Suède pour son pays et revint très malade. Il mourut trois mois plus tard, laissant sa femme sans enfants. Ainsi prenait fin une existence cousue d’épreuves et d’infortunes ; entre autres, il y avait eu le malheur de cette association ruineuse que lui avait imposée dès 1649 le maréchal Louis de Foucault de Saint-Germain-Beaupré, comte Du Daugnon. Celui-ci, vice-amiral et plus tard gouverneur de Brouage et de La Rochelle, non satisfait d’exiger le tiers des prises, en retour d’une modique participation aux frais, avait extorqué 242 000 (livres) à Nicolas Gargot. Sans une pension de 2000 (livres) obtenue d’Anne d’Autriche, il serait mort de faim. Sa carrière, aussi brillante qu’active, a été marquée par le courage, le zèle et la fidélité à son pays. J.-Roger Comeau Source ACM, B.218.— AE, Mém. et doc., Amérique, 5, ff.40–41v.-AN, El, 347A, f.334.— BN, MSS, Baluze 149, f.5, 10, 11–12v., 93 ; MSS, Fr. 22 643, f.82 ; MSS, Mélanges Colbert, 109bis, f.847 ; MSS, NAF 9 281 (Margry), f.153–153v, 9 282 (Margry), f.224.— Acadiensia Nova (Morse), I : xxii, 40 ; II : 49–54, 67s., 74, 98–101.— [Pierre Groyer], Mémoires de la vie et des aventures de Nicolas Gargot, capitaine de marine [Paris, 1668] ; Les Aventures du Rochelais Nicolas Gargot dit « Jambe-de-Bois », éd. Charles Millon (La Rochelle, 1928).— Jug. et délib., I : 6.— William Hubbard, A general history of New England from the discovery to MDCLXXX (Mass. Hist. Soc. Coll., 2nd ser., V, VI (1815) ; reprinted 1848), II : 478s.— A. Jal, Dictionnaire critique de biographie et d’histoire (2e éd., Paris, 1872), 474.— La Morandière, Hist. de la pêche française de la morue, I : 18, 220, 4ffl–416.— L. Maschinet de Richemond Les Marins rochelais (2e éd., Niort et La Rochelle 1906), 29–41.— P.-G. Roy, Une exécution capitale dans le port de Québec en 1663, BRH, XXIX (1923) : 137–140 ; Les Familles de nos gouverneurs français, BRH, XXVI (1920) : 261s.-Régis Roy, Nicolas Gargot, BRH, XXIX (1923) : 178. © 2000 University of Toronto/Université Laval Source document : Dictionnaire biographique du Canada en ligne, Bibliothèque nationale du Canada et archives nationales du Canada |
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Dernière mise à jour : ( 24-01-2009 ) |