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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Louis-Pierre Thury - prêtre Version imprimable

THURY, LOUIS-PIERRE, prêtre, missionnaire en Acadie, né vers 1644 à Notre-Dame-de-Breuil, en Normandie, décédé à Chibouctou (Halifax, N.-É.) le 3 juin 1699.

L’abbé Thury avait probablement commencé ses études théologiques en France. Il arriva au Canada vers 1675, y termina sa théologie et fut ordonné par Mgr de Laval* le 21 décembre 1677. Il desservit d’abord quelques paroisses, sur les deux rives du Saint-Laurent, et devint procureur du séminaire de Québec.

En 1684, comme l’institution projetait de fonder une mission en Acadie, Mgr de Laval envoya l’abbé Thury faire une tournée d’observation de Percé à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.). Le missionnaire adressa à l’évêque une longue relation et choisit de s’établir à Miramichi, où Richard Denys offrait un terrain pour une mission. Il y demeura trois ans, y reçut la visite de Mgr de Saint-Vallier [La Croix*] et se rendit occasionnellement à la rivière Saint-Jean et à Port-Royal.

Sur les conseils de l’abbé Petit*, il alla ensuite se fixer à Pentagouet (Castine, Maine), près de Jean-Vincent d’Abbadie* de Saint-Castin, où il demeura huit ans. Il acquit une grande influence sur les Abénaquis et prit part à leurs expéditions. En 1689, il accompagna Saint-Castin dans le raid qui détruisit Pemaquid, et en a laissé un récit détaillé. En 1692, il suivit un parti de guerre contre York (Maine). Deux ans plus tard, il s’employa à faire échouer les tentatives de Phips, qui voulait maintenir les Abénaquis dans la neutralité ; Thury contribua largement à les maintenir sous l’influence française. Il prit part à l’attaque contre Pescadouet (Oyster Bay) et assista, avec Joseph Robinau de Villebon et un parti d’Abénaquis, à la prise de Pemaquid par Pierre Le Moyne* d’Iberville en 1696.

L’évêque de Québec en fit son vicaire général en 1698 et le nomma supérieur des missions acadiennes. Vers le même temps, l’abbé Thury fondait une nouvelle mission à Pigiguit, au bassin des Mines (Minas Basin, N.-É.), et projetait de grouper les Micmacs dans un vaste établissement, entre Shubenacadie et Chibouctou. La cour favorisa ce projet et lui accorda un fonds de 2 000ª. La mort l’empêcha de mener à bonne fin son entreprise. Il s’éteignit à Chibouctou le 3 juin 1699 et fut inhumé par les Indiens sous un tombeau de pierre. Dièreville* vit ce tombeau et entendit les chants religieux que le missionnaire avait traduits en micmac.

Doué de grandes qualités, l’abbé Thury eut une carrière fort remplie et fut un grand missionnaire. Son rôle politique est plus discutable et a été diversement apprécié. Les officiers français ont loué son action et Charlevoix* en fait un « véritable apôtre », tandis que Parkman ne voit en lui qu’un « apôtre de carnage ».

René Baudry


Source

AN, Col., B, 17, 19, 20, 22 ; C11D, 2, 3.— ASQ, Documents Faribault ; Lettres ; Polygraphie ; Séminaire ; passim ; A.-E. Gosselin, Notes pour servir à la biographie des prêtres du séminaire de Québec, avec références en marge.— Jean-Baptiste, de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier, Estat présent de l’Église de la colonie française dans la Nouvelle-France [...] (2e éd., Québec, 1856), 45–52, reproduit la relation du Thury à Mgr de Laval.— H.-R. Casgrain, Les Sulpiciens et les Prêtres des Missions étrangères en Acadie (1676–1762) (Québec, 1897), 31–48, 139–143 (extrait du récit de Thury sur la destruction de Pemaquid, d’après Charlevoix).— Parkman, Count Frontenac and New France (1st ed.), passim.— Webster, Acadia, 198s.
© 2000 University of Toronto/Université Laval
Source document :
Dictionnaire biographique du Canada en ligne
, Bibliothèque nationale du Canada et archives nationales du Canada



Dernière mise à jour : ( 22-02-2009 )
 
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