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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Introduction (Enracinement dans le silence) Version imprimable

 

Le long siècle qui allait suivre la Déportation apparaît comme celui où les anglophones acquièrent une identité et au cours duquel ils marquent davantage l'histoire des Maritimes, alors que pendant la même période, les Acadiens essaient de se regrouper, de reprendre racine. Les grands thèmes de l'histoire canadienne-anglaise des Maritimes appartiennent à cette période :

  • La conquête définitive de l'ensemble des provinces maritimes par les Britanniques.
  • L'arrivée des Loyalistes.
  • La fondation de nouvelles provinces : Île du Prince-Édouard en 1769, Nouveau-Brunswick en 1784, Cap-Breton qui détint ce statut entre 1784 et 1820.
  • L'effort de guerre durant le conflit canado-américain de 1812-1815.
  • L'établissement de collèges et d'universités.
  • L'ardeur des sectes religieuses protestantes avec les «New Lights» de Henri Alline, les Baptistes et les Méthodistes.
  • Les luttes pour le gouvernement responsable (acquis entre 1848 et 1854)
  • La prospérité fondée sur le bois, l'eau et le vent.
  • Un journalisme qui se comparait favorablement à la presse du Haut et du Bas-Canada.
  • Des politiciens d'envergure comme Joseph Howe, Leonard Tilley, Charles Tupper, Lemuel Allan Wilmot .

 

Quant aux Acadiens, beaucoup reviendront des États-Unis, d'autres du Québec et un bon nombre sortiront des bois. Ils étaient prêts à recommencer à neuf l'expérience tentée une première fois, 160 ans plus tôt. Ce sera au Nord surtout (Nouveau-Brunswick actuel) que le gros des forces acadiennes se trouvera réuni, loin des centres anglais. Mais des groupes importants iront s'établir dans l'Île du Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse. On commencera par chercher un nouveau site, un nouveau terrain, puis on songera à se donner des institutions, car le «Grand Dérangement» a fait éclater toutes les institutions acadiennes et, pour plusieurs, même le noyau familial n'y a pas échappé.

Cette recherche d'un équilibre institutionnel se poursuivra jusque vers 1840. Il s'agira d'abord d'institutions à caractère local (un prêtre et non une structure diocésaine, par exemple). Elles auront peu de permanence au début; les premiers enseignants seront souvent des «maîtres ambulants», tout comme les premiers prêtres étaient des missionnaires. Elles seront souvent partagées avec d'autres: Québécois et Français de France se partageront l'enseignement, le domaine religieux et la politique.

 

À une époque où les anglophones qui se définissent et dominent toute la scène, les Acadiens vivent dans l'ombre. Ils sont absents du pouvoir économique : pas de journal, peu d'écoles, pas de médecin, peu de prêtres, pas d'avocats. Parce qu'ils sont catholiques, ils n'ont pas le droit de vote avant 1810 et ils n'ont pas le droit d'être député avant 1830. L'émancipation décrétée pour les catholiques profitera d'abord aux catholiques anglophones (irlandais, écossais, anglais) même dans les comtés à majorité française.

Quoi qu'il en soit, à mesure que se structurait la société acadienne, le besoin de se définir collectivement se faisait sentir et devenait de plus en plus atteignable. Cet éveil de la conscience collective des Acadiens date des années 1880, mais lui avait précédé une quarantaine d'années de transition où quelques institutions d'envergure avaient vu le jour, grâce parfois au concours de Québécois et de Français. Cet épanouissement de la société acadienne commençait à se manifester au moment même où s'estompait, dans le grand «Tout» canadien, l'identité des anglophones des trois provinces Maritimes. Les «Congressistes» des années 1880 instaureront une forme de définition globale qui marquera l'Acadie jusque vers les années 1940-50.

 



Source :
Petit manuel d'histoire d'Acadie, de 1755 à 1767, Librairie Acadienne, Université de Moncton, Léon Thériault, 1976

 

 


Dernière mise à jour : ( 30-07-2008 )
 
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