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L'histoire acadienne, au bout des doigts

La vie religieuse: Évêques Acadiens Version imprimable

 

On sait que l'abbé Mathurin Bourg, qui fut déporté tout jeune avec ses parents, était devenu prêtre et avait été missionnaire en Acadie de 1773 à 1795.

Le premier prêtre acadien des Maritimes après l'abbé Bourg fut l'abbé Sylvain-Ephrem Poirier de l'île du Prince-Édouard ordonné en 1828. En 1850, il n'existait que deux prêtres acadiens dans les trois provinces Maritimes. Les autres prêtres étaient des missionnaires venus de France, du Québec, ou des anglophones.

Le collège Saint-Joseph fut une pépinière de vocations sacerdotales et religieuses, qui permit aux Acadiens, dans l'ensemble, d'être desservis peu à peu par des pasteurs issus de familles acadiennes. Ce retard avait rendu possible l'occupation de tous les postes hiérarchiques dans l'Église par des anglophones, même dans les diocèses où la majorité des catholiques était acadienne. Étant donné que la nomination des évêques est décrétée à Rome sur recommandation des évêques de la région concernée, les anglophones succédaient aux anglophones et les Acadiens se voyaient systématiquement écartés de la hiérarchie. La difficulté d'obtenir des paroisses françaises créait des malaises comme à Moncton. La nomination de curés anglophones dans des paroisses acadiennes comme Bouctouche accroissait l'évidente nécessité de l'accession d'un Acadien à l'épiscopat. Cependant, la lutte fut longue et âpre.


Soucieux de manoeuvrer selon les normes, les Acadiens s'adressèrent d'abord à leurs évêques. Ayant rencontré un refus catégorique, ils recoururent au délégué apostolique du Canada, puis à Rome. La Société nationale l'Assomption, avec à sa tête des laïcs tels le juge Pierre-Armand Landry et le sénateur Pascal Poirier, ramenait le sujet sur le tapis aux congrès nationaux et envoyait des mémoires signés les uns par des laïcs, d'autres par des prêtres. On recourait à l'influence des évêques du Québec et à celle d'hommes politiques tels que Sir Wilfrid Laurier.

Les prêtres acadiens durent agir avec discrétion dans cette lutte afin d'éviter de se faire rabrouer par leurs évêques. Des laïcs, plus indépendants des évêques que les prêtres, prirent la cause en mains. Conseillés par de hauts dignitaires, ils agirent avec prudence, respect et ténacité. Parmi les prêtres, l'abbé Marcel-François Richard se signala par son courage et son dévouement à cette cause. Il fit deux voyages à Rome, un en 1907 et l'autre en 1910, pour informer nul autre que le pape lui-même de la situation des Acadiens. Pie X se montra très sympathique les deux fois et promit d'exaucer la supplication si légitime des Acadiens. En 1910, comme gage de cette promesse,  il fit cadeau d'un calice en or à l'abbé Richard pour le peuple acadien. En 1912, à la joie délirante des Acadiens, Mgr Édouard LeBlanc, curé de Saint-Bernard (Digby, N.-E.) était nommé évêque de Saint-Jean (N.-B.). Il fut le premier évêque acadien des Maritimes. Il succédait à Mgr Timothy Casey qu'on venait de transférer à Vancouver à titre d'archevêque.


Le diocèse de Chatham, dont la population catholique était acadienne à quatre-vingt-cinq pour cent, était toujours dirigé par un évêque irlandais. Vers 1917, l'évêque Mgr Thomas Barry vieillissait et sa santé faisait défaut. Mgr Louis J. O'Leary était déjà évêque auxiliaire de Chatham depuis 1914 et il était pressenti pour la succession de Mgr Barry après son décès.

C'est alors que le docteur Albert Sormany d'Edmundston, conseillé par des dignitaires ecclésiastiques du Québec, aidé de plusieurs prêtres acadiens et encouragé par le Délégué apostolique, entreprit un travail discret avec des laïcs pour obtenir de Rome un évêque acadien à Chatham. Ces démarches furent couronnées de succès et Mgr Alexandre-Patrice Chiasson était nommé en 1920. En 1938, celui-ci faisait transférer le siège épiscopal de Chatham à Bathurst où des évêques acadiens se sont succédé depuis.


Mgr Édouard LeBlanc était évêque de Saint-Jean (depuis 1912) et Mgr Chiasson à Bathurst. Depuis longtemps, les Acadiens avaient demandé un diocèse à Moncton. Il fut donc facile à ces deux évêques acadiens d'obtenir de Rome la division de leurs diocèses en vue de la création d'un troisième. C'est ainsi qu'en 1936, l'archidiocèse de Moncton fut créé et, en 1937, Mgr Arthur Melanson en fut nommé le premier archevêque.

Le diocèse de Bathurst couvrait un immense territoire, Mgr Camille LeBlanc, évêque de Bathurst, demanda et obtint le partage de son diocèse et l'érection de celui d'Edmundston en 1944, où le franciscain Mgr Marie-Antoine Roy fut le premier évêque.

Des difficultés entre les Acadiens du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et l'archevêque d'Halifax, Mgr John Thomas McNally, aboutirent en 1953 à l'érection d'un nouveau diocèse acadien, celui de Yarmouth. Ce diocèse grâce une délicatesse du Délégué apostolique d'alors, Mgr Antoniutti, engloba le territoire des lieux historiques important de l'ancienne Acadie, soit Port-Royal et Grand-Pré.

Les cérémonies qui entourèrent le sacre du premier évêque, Mgr Albert Leménager, donnèrent lieu à des manifestations exceptionnellement triomphales.





Source :
Petit manuel d'histoire d'Acadie, Les Acadiens de 1867 à 1976, Librairie Acadienne, Université de Moncton, Père Anselme Chiasson, 1976


Dernière mise à jour : ( 30-07-2008 )
 
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