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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Frère Gilbert Du Thet Version imprimable

 


DU THET, GILBERT, frère, jésuite, né à Chantelle (Allier) vers 1575, fit son noviciat au collège de Verdun de 1594 à 1596 et mourut à Saint-Sauveur (près d’Ellsworth, Maine), le 3 juillet 1613.

Il vécut plusieurs années à la maison du noviciat, fit un voyage en Italie et se trouvait depuis 1609 à Paris, résidant à la maison professe.

Vers novembre 1611, Antoinette de Pons, marquise de Guercheville, remplaça les pères Pierre Biard et Énemond Massé dans l’association qu’ils avaient contractée avec Jean de Biencourt de Poutrincourt, seigneur de Port-Royal. Elle confia sa mise de fonds de 3 000 livres tournois au frère Du Thet qui, trop confiant, s’en laissa distraire 1 200 par Poutrincourt. Du Thet s’embarqua en décembre 1611 et arrive à Port-Royal le 26 janvier 1612. Ayant constaté quelques irrégularités dans l’administration de Simon Imbert, agent de Poutrincourt, le frère suggéra à Charles de Biencourt, fils de Poutrincourt et chef de la colonie, de demander des comptes à l’intendant. Imbert se vengea du frère en lui imputant des propos approuvant le régicide commis en la personne de Henri IV, le 14 mai 1610. Charles de Biencourt fit enquête, constata le non-lieu, mais refusa de livrer les attestations nécessaires et de permettre au frère de passer en France pour se défendre. C’est à la suite de cet incident qu’eurent lieu les violences faites au père Biard, qui eurent pour résultat l’interdit canonique jeté sur Port-Royal.

Après la réconciliation des jésuites avec Biencourt, le 25 juin 1612, il fut permis au frère Du Thet de repasser en France. Il dut le faire sur un navire de pêche ou de traite et n’arriver que tard dans l’automne. Il ne put que raconter à la marquise de Guercheville le traitement subi par les missionnaires. La grande dame rompit alors l’association qu’elle avait renouvelée avec Poutrincourt, le 17 août 1612. Elle fit gréer un nouveau navire, le Jonas, commandé par le capitaine Charles Fleury, pour aller retirer Biard et Massé de Port-Royal et fonder une nouvelle colonie sur la côte américaine. Le frère Du Thet fit partie de l’expédition avec le père Jacques Quentin, mais tous deux devaient revenir en France, s’ils trouvaient sains et saufs leurs confrères. Le frère Du Thet, cependant, souhaitait de finir ses jours au Canada.

Après le choix du site de Saint-Sauveur, les travaux de construction traînèrent par la faute de René Le Coq de La Saussaye, commandant de la colonie, et malgré les protestations de Charles Fleury, qui désirait retourner en France. Le 3 juillet 1613 eut lieu l’attaque surprise de Samuel Argall, lequel eut vite raison du navire, puis du fort commencé. En voyant venir les Anglais, Du Thet avait accompagné Fleury sur son navire pour aider à la défense. Le canonnier étant absent, le jésuite prit sa place, mais sans beaucoup d’effet. Il reçut une balle dans la poitrine et fut renversé parmi les blessés. Les Anglais, victorieux, le transportèrent à terre et il mourut le lendemain, assisté par le père Biard. Il fut ainsi le premier jésuite français à mourir en Amérique.

Lucien Campeau



Source :
ARSI, codex Gal. 94, I : f.171, lettre du frère Du Thet au père Ignace Armand, Nancy, 10 mai 1603, codex Franc. 22, catalogue des maisons et des personnes de la province de France.— Bréard, Documents relatifs à la marine normande, 121–123.— Factum (1614).— JR (Thwaites), III : 21–283 et IV : 7–117, Relation du père Biard.— Lescarbot, Histoire (Grant), III : 58–64.— É.-H. Gosselin, Nouvelles Glanes historiques normandes, 41–43.— Huguet, Poutrincourt. [V. aussi le bibliographie de Jean de Biencourt.]
© 2000 Université Laval/University of Toronto

Source document :
Dictionnaire biographique du Canada en ligne, Bibliothèque nationale du Canada et archives nationales du Canada


Dernière mise à jour : ( 22-02-2009 )
 
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