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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Folklore et chansonniers Version imprimable

 

Avant d'avoir accès à l'éducation supérieure, les Acadiens se voyaient dans l'incapacité de produire des oeuvres littéraires ou scientifiques. Ils ne manquaient pas pour autant de talent, d'intelligence et de goût artistique, à preuve qu'ils entretenaient de façon vivante une culture populaire très riche. Les chansons de folklore teintées de nostalgie se comptaient par milliers. Chaque district de tous les villages possédait ses conteurs dont le répertoire consistait en des centaines de contes et de légendes. Les violoneux étaient des personnages importants dans toutes les régions.

Comme chez tous les peuples moins instruits, la culture populaire prend beaucoup d'ampleur, telle une forme de compensation. Le répertoire était transmis de façon orale et mémorisé. Tout au plus quelques familles ici et là copiaient-elles à la main certaines chansons dans des cahiers. Ces chansons, contes et légendes égayaient les soirées et les réunions sociales.

Avec l'avènement de l'éducation supérieure et des manifestations patriotiques auxquelles les congrès nationaux donnèrent lieu, un besoin nouveau se fit sentir. Il fallait des chants et des écrits qui répondaient à ce réveil général. C'est alors qu'on vit apparaître des chants littéraires sur des thèmes acadiens qui prendront la vedette pendant plusieurs décennies dans les manifestations publiques. L'Évangéline, Plainte et pardon, Pêcheur acadien, la Fleur du souvenir du Père André-T. Bourque, le Réveil de l'exilé de A. Robichaud, En-Avant de l'abbé Stanislas-J. Doucet, et d'autres qu'on publia plus tard (1916) en recueil exaltaient les sentiments et provoquaient de vives émotions.

Le peuple acadien les apprit et aima les chanter; on les chante encore. Ils répondent à un état d'âme des Acadiens. Les chansons du terroir restaient toujours vivantes dans les foyers acadiens.

Cependant, avec l'avènement de la radio, d'autres chansons, étrangères celles-ci et souvent anglaises, menaçaient de supplanter nos savoureuses cantilènes traditionnelles.

C'est alors que Thomas LeBlanc, journaliste à L'Évangéline, commença en 1937 une rubrique des chansons folkloriques acadiennes plus intéressantes. Il publia et commenta les chansons qu'il recevait des lecteurs de différentes régions.


En 1942, les Pères Anselme Chiasson et Daniel Boudreau publièrent un premier recueil de Chanson d'Acadie, un deuxième en 1944 et un troisième en 1946. Un quatrième a vu le jour en 1972.


Dès la parution du premier recueil, des artistes québécois, dont Jacques Labrecque des chorales acadiennes et québécoises tout particulièrement, s'emparèrent de ces chansons et donnèrent une vogue extraordinaire au folklore acadien.

Les Archives de folklore de l'Université Laval, le Musée de l'Homme à Ottawa et des folkloristes de France vinrent en Acadie pour mener des enquêtes sur notre folklore et enregistrer des milliers de chansons, contes, légendes et traditions.

Depuis 1966, des cours de folklore acadien se donnent à l'Université de Moncton et, en 1970, le Centre d'études acadiennes ouvrait une section spéciale de folklore où ont été accumulés et classés méthodiquement des milliers de chansons, contes, légendes et traditions, en somme, tout ce qui définit la culture populaire du peuple acadien.

Des Acadiens se sont spécialisés en folklore à l'Université Laval et à Paris. Des publications sur le folklore acadien ont vu le jour et sont très reconnues. On peut tout particulièrement souligner les oeuvres d'Antonine Maillet. Ses oeuvres La Sagouine et Mariagélas ont acquis une renommée internationale. D'autres oeuvres ont connu du succès, tel le Chéticamp, Histoire et traditions acadiennes et Légendes des Îles de la Madeleine du Père Anselme Chiasson. Shippagan, Anecdotes, tours et légendes de Francis Savoie. La Littérature orale de la baie Sainte-Marie d'Alain Doucet. Ti-Jean, Contes Acadiens par Melvin Gallant. Chansons de Shippagan par le docteur Dominique Gauthier.

Notre folklore a envahi le théâtre et La Sagouine de la comédienne Viola Léger a obtenu un succès unique au Canada et en Europe.


La radio française aux Maritimes présente des émissions fréquentes de folklore. La Sagouine y a amorcé sa carrière fulgurante. Certaines émissions, comme À sa façon de Charlotte Cormier en 1976, brillèrent sur le réseau national.

Des chanteurs acadiens devenus célèbres dans les années 70 - 80, tels Édith Butler, Angèle Arseneault, Donat Lacroix, Calixte Duguay, Georges Langford, Raymond Breau et les autres ont commencé leur carrière en chantant des chansons folkloriques acadiennes. Tout en continuant de les chanter, ils ont évolué et composé de magnifiques chansons. Ils sont devenus des chansonniers fort appréciés au Canada et quelques-uns se sont fait connaître en France.

Avant de quitter le domaine du folklore, mentionnons que les Acadiens possédaient autrefois des danses qui leur étaient propres. Ces danses traditionnelles ont disparu ou disparaissent très vite. Malheureusement, les troupes de danseurs de folklore qui auraient pu sauver ces danses de l'oubli sont rares aux Maritimes. Shippagan a eu une bonne troupe un temps. Subsistent seulement aujourd'hui la troupe de Fredericton et la remarquable troupe des danseurs du Madawaska.




Source :
Petit manuel d'histoire d'Acadie, Les Acadiens de 1867 à 1976, Librairie Acadienne, Université de Moncton, Père Anselme Chiasson, 1976


Dernière mise à jour : ( 31-07-2008 )
 
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