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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Théotime Blanchard Version imprimable

BLANCHARD, THÉOTIME, instituteur, juge de paix, homme politique et fonctionnaire, né le 8 mai 1844 à Caraquet, Nouveau-Brunswick, fils d’Agapit Blanchard et d’Anne-Marie Poirier, et petit-fils de Tranquille Blanchard* ; le 4 mars 1867, il épousa à Caraquet Marie Gauvin, et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 11 mars 1911 à Bathurst, Nouveau-Brunswick.

Fils d’un fermier et pêcheur aisé, Théotime Blanchard fréquenta l’école publique de Caraquet, puis apprit l’anglais en vivant chez un oncle à Neguac. Ayant obtenu un brevet d’enseignement de troisième classe, il enseigna à Neguac de 1863 à 1865, puis à Caraquet de 1865 à 1870.

En 1870, Robert Young*, conseiller législatif et ex-député provincial de Gloucester, encouragea Blanchard, alors juge de paix, à entrer en politique. Avec d’autres, ils tinrent une assemblée à Caraquet en vue de lancer un parti réformiste provincial. Blanchard se présenta cependant en tant qu’Acadien, non en tant que représentant d’un parti, et il devint en juin 1870 le premier député acadien de la circonscription de Gloucester à la Chambre d’assemblée. Réélu en 1874, il tenta en vain de faire publier en français les avis du bureau des Travaux publics. Il stimula les affaires dans sa circonscription en obtenant la construction d’un quai public à Caraquet et la constitution juridique de la Caraquet Railway Company. En 1875, lui-même faisait du commerce côtier.

Blanchard figure parmi les principaux adversaires du Common Schools Act de 1871 [V. George Edwin King*], qui imposait une taxe et ne pourvoyait pas au financement des écoles confessionnelles. Il présida deux assemblées d’Acadiens de Caraquet : une en août 1873, où les participants réclamèrent que la taxe scolaire soit séparée des autres impôts et déclarèrent légitime de refuser de la payer, l’autre en novembre 1874, où des contribuables qui ne payaient pas la taxe élurent illégalement des conseillers paroissiaux. Ceux qui payaient la taxe convoquèrent une autre assemblée en janvier 1875, et la majorité des juges de paix acceptèrent les conseillers élus par eux. Blanchard ne prit aucune part aux émeutes qui eurent lieu par la suite à Caraquet [V. Young] ais il fut l’un des députés qui, en août, négocièrent le compromis grâce auquel les écoles catholiques purent être assujetties à la loi [V. John Sweeny*].

Blanchard tenta ensuite de faire réinstaller ses conseillers paroissiaux dans leurs fonctions par l’Assemblée et fut accusé en Chambre d’incitation à l’émeute. En 1876, après un attentat à sa vie, il démissionna pour occuper le poste d’inspecteur des poids et mesures dans les comtés de Gloucester et Restigouche. Il ne se désintéressa pas pour autant de la chose publique. Conseiller municipal durant trois ans, il quitta son poste d’inspecteur pour se présenter aux élections provinciales de 1882 et de 1886, sans succès. En 1887, il fut nommé inspecteur des douanes à Caraquet. Il exerça cette fonction jusqu’en 1892, année où il fut élu à l’Assemblée en tant que membre de l’équipe du premier ministre Andrew George Blair*. Encore une fois, il s’occupa surtout d’une crise scolaire. Les protestants de Bathurst avaient contesté le droit des religieuses de tenir deux écoles publiques dans la localité. Il fit allusion en Chambre au compromis de 1875, dont on n’avait guère parlé, et appuya le gouvernement lorsque celui-ci décida d’envoyer un juge enquêter [V. John James Fraser*].

En 1894, Blanchard quitta son siège pour se présenter sous la bannière conservatrice à une élection partielle fédérale. Connu comme l’un des dirigeants de l’Association catholique de bienfaisance mutuelle et soutenu par le député sortant, Kennedy Francis Burns*, il remporta la victoire et devint ainsi le premier député acadien de Gloucester aux Communes. Partisan d’une loi réparatrice pour régler la crise scolaire du Manitoba [V. Thomas Greenway*], il l’emporta pour cette raison sur Onésiphore Turgeon* et Robert Young aux élections générales de 1896. Cependant, Turgeon le délogea en 1900. Aux élections de 1904, Blanchard fut choisi candidat six jours seulement avant l’investiture, car le candidat conservateur s’était désisté. Comme il n’y avait pas de crise scolaire, il mena une campagne dénuée d’inspiration : Turgeon gagna, et Blanchard quitta la politique.

Théotime Blanchard exploita une ferme à Caraquet jusqu’à sa mort, le 11 mars 1911. Peu de temps auparavant, il avait été blessé dans un accident de la route. La succession qu’il laissait à sa veuve et à ses deux fils survivants était très modeste. Matériellement parlant, avoir soutenu toute sa vie la cause de l’instruction des franco-catholiques lui avait peu rapporté.

Sheila Andrew



Sources:

AN, RG 31, C1, 1871, Caraquet, N.-B. (mfm aux APNB).— APNB, RS64, A, 1911 ; RS 115, 13/8–9) ; RS 149, A/4 ; RS538, B1 : 307.— Courrier des provinces Maritimes (Bathurst, N.-B.), 1er sept. 1887, 17 mai, 6 sept. 1894, 18 juin 1896.— L’Évangéline (Weymouth Bridge, N.-É.), 13 oct. 1892, 6, 13 avril 1893.— Le Moniteur acadien, 13 mai 1870, 28 août 1873, 18 mars 1875, 7 févr. 1878, 19 juin 1896, 27 oct., 3 nov. 1904, 16 mars 1911.— Les Familles de Caraquet : dictionnaire généalogique [...], Fidèle Thériault, compil. (Fredericton, 1985).— K. F. C. MacNaughton, The development of the theory and practice of education in New Brunswick, 1784–1900 : a study in historical background, A. G. Bailey, édit. (Fredericton, 1947).— N.-B., House of Assembly, Journal, 1865–1871, comptes publics ; 1871 : 115, 207 ; 1874 : 7, 198.
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Source document :
Dictionnaire biographique du Canada en ligne, Bibliothèque nationale du Canada et archives nationales du Canada  
Dernière mise à jour : ( 22-02-2009 )
 
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