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L'histoire acadienne, au bout des doigts

La Guerre de Sept Ans (1756 à 1763) Version imprimable

La guerre de Sept Ans (1756-1763) est la première guerre à l'échelle mondiale. Le conflit oppose la Grande-Bretagne, la Prusse et Hanovre à la France, à l'Autriche, à la Suède, à la Saxe, à la Russie et, finalement, à l'Espagne. La Grande-Bretagne refuse d'engager le gros de ses troupes sur le continent, comptant sur des mercenaires prussiens et allemands pour défendre l'électorat de Hanovre au nom de George II. Le plan de guerre de la Grande-Bretagne vise à détruire les forces navales et la marine de commerce de la France et à s'emparer de ses colonies, pour ainsi anéantir sa rivale commerciale. En Europe, la France s'est engagée à défendre l'Autriche, mais cette dernière ne peut rien pour les colonies françaises d'outre-mer.

Les hostilités éclatent en 1754 dans la vallée de l'Ohio, lorsqu'un major de la milice de Virginie, George Washington, se fait prendre dans une embuscade par un petit détachement français. Par la suite, il doit accepter les termes humiliants dictés par le commandant français envoyé pour lui demander des comptes. Puis, les Britanniques dépêchent en Amérique deux régiments, sous les ordres du major général Edward Braddock. D'autres troupes sont levées dans les colonies et une attaque sur quatre fronts se prépare contre les Français au Fort Beauséjour, à la frontière de la Nouvelle-Écosse, contre leurs forts du lac Champlain et du Niagara et, enfin, contre le fort Duquesne, sur l'Ohio.

Découvrant ces préparatifs, les Français ordonnent l'envoi de six bataillons sous le commandement du baron Armand Dieskau pour renforcer la défense de Louisbourg et du Canada. Les Britanniques enjoignent alors le vice-amiral Edward Boscawen de partir avec son escadrille pour intercepter et capturer le convoi français, même si la guerre n'est pas encore déclarée. Il ne peut saisir que deux navires. Les Britanniques connaissent encore moins de succès sur terre. L'armée britannique qui fait route vers le lac Champlain est arrêtée par les Français près du lac George, mais Dieskau est blessé et fait prisonnier. L'assaut projeté contre Niagara échoue à cause d'erreurs de tactique, et l'armée de 1500 hommes de Braddock est défaite par un petit détachement de Français et d'Amérindiens. Les Britanniques ne connaissent la victoire qu'en Acadie, où ils réussissent à prendre le fort Beauséjour et sa petite garnison. Les colons acadiens sont ensuite rassemblés par les troupes de la Nouvelle-Angleterre et déportés.

En avril 1756, de nouvelles troupes françaises arrivent au Canada sous le commandement du marquis de Montcalm. Le mois suivant, la Grande-Bretagne déclare la guerre. La stratégie du commandant en chef et gouverneur général, le marquis de Vaudreuil, consiste à maintenir les Britanniques sur la défensive et le plus loin possible des établissements des colons canadiens. Vaudreuil prend les forts anglais d'Oswego sur le lac Ontario et, grâce à cette victoire, étend son emprise sur les Grands Lacs. Au même moment, des détachements d'Amérindiens et de Canadiens ravagent les établissements américains près des frontières. Les Américains ne peuvent contrer ces attaques et les Britanniques doivent envoyer plus de 23 000 soldats en renfort aux colonies et engager presque toute leur marine dans le blocus des ports français. Le but des Français est d'immobiliser d'importantes troupes anglaises, tout en ne déployant qu'une petite armée alliée aux Canadiens et aux Amérindiens; les Français comptent ainsi protéger des attaques leurs colonies les plus importantes.

En août 1757, les Français prennent d'assaut le fort William Henry sur le lac George. L'année suivante le major général James Abercromby, à la tête d'une armée de plus de 15 000 britanniques et américains, subit une cuisante défaite au fort Carillon (Ticonderoga) aux mains de Montcalm et de ses 3 500 hommes. Mais pour les Français, la chance tourne. Sur le lac Ontario, le Fort Frontenac (Kingston, Ontario) est détruit en août 1758 avec les approvisionnements destinés aux postes de l'ouest. Ailleurs, Louisbourg et la Guadeloupe tombent aux mains des Britanniques. Dans la région de l'Ohio, les Amérindiens, alliés des Français, concluent une paix séparée avec les Britanniques, obligeant ainsi les Français à abandonner le fort Duquesne. Des navires de ravitaillement parviennent à Québec tous les ans, mais la France n'envoie presque plus de troupes de renfort. Les Français espèrent qu'une invasion de la Grande-Bretagne forcera les Britanniques à négocier.

En 1759, deux armées britanniques marchent sur le Canada, tandis qu'une troisième s'empare de Niagara. Le major général James Wolfe, de la marine royale, arrive à Québec avec 9 000 hommes; pendant ce temps, le général Jeffery Amerst avance sur le lac Champlain jusqu'à Crown Point. Après un été de manoeuvres infructueuses, Wolfe force Montcalm à livrer bataille aux portes de Québec, le 13 septembre. Cet affrontement se solde par l'écrasante défaite française de la Bataille des plaines d'Abraham. La ville se rend quelques jours plus tard. Le chevalier de Lévis prend le commandement des troupes françaises et, en avril de l'année suivante, réussit à écraser l'armée britannique sur les mêmes champs de bataille. Le 16 mai, Lévis doit lever le siège de la ville à l'arrivée de frégates anglaises, ce qui anéantit tout espoir de renforts français. L'armée française bat en retraite vers Montréal, et doit capituler en faveur d'Amherst, le 8 septembre 1760. Les troupes britanniques deviennent ainsi libres de servir ailleurs. En 1762, la Martinique tombe aux mains des Britanniques et seule l'intervention de l'Espagne permet à la France de sauver ses autres îles des Antilles.

La France et l'Espagne organisent une expédition de grande envergure en vue d'envahir l'Angleterre, mais les victoires de la marine britannique à Lagos, au Portugal, en août, et à la baie de Quiberon, en France, en novembre 1759, mettent fin à ce projet. Cependant, la Grande-Bretagne, épuisée par la guerre, croule sous une dette nationale énorme. Le ministre de la Guerre, William Pitt, est démis de ses fonctions en 1761 par le nouveau roi, George III, et des pourparlers de paix sont amorcés.

Le premier ministre français, le duc de Choiseul, est décidé à récupérer la Martinique et la Guadeloupe et à conserver un centre d'opérations pour la pêche sur les Grands Bancs de Terre-Neuve. Il désire également prendre possession de l'Ile du Cap-Breton, mais doit se contenter de Saint-Pierre-et-Miquelon. Choiseul est prêt à céder le Canada à la Grande-Bretagne, convaincu que les colonies américaines, n'ayant plus besoin de la protection de l'armée britannique, déclareront rapidement leur indépendance. Pour la France, la perte du Canada n'est rien en comparaison de ce que serait la perte des colonies américaines pour la Grande-Bretagne. Le roi d'Espagne s'entête, et pour le forcer à signer la paix, la France lui cède le vaste territoire de la Louisiane pour compenser la perte de la Floride.

Malgré une certaine opposition en Grande-Bretagne de la part de ceux qui prévoient ce que Choiseul a prédit en privé, c'est la Guadeloupe, et non le Canada, qui est rendue à la France par le Traité de Paris (1763). Douze ans plus tard, les colonies américaines se soulèvent contre la Grande-Bretagne. Ironie du sort, ce n'est que grâce au soutien de l'armée française qu'elles pourront accéder à l'indépendance.
Dernière mise à jour : ( 16-02-2009 )
 
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