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L'histoire acadienne, au bout des doigts

Le règlement des conflits Version imprimable

 

La paix de Ryswick signée en 1697 mettait fin à la guerre en Amérique et en Europe, mais la trêve ne dura que 5 ans. Les trois dernières années de l'administration de Villebon, avant sa mort en 1700, furent consacrées à consolider la présence française en Acadie. La réparation du fort de Port-Royal, l'accroissement des échanges de toutes sortes avec la France et la Nouvelle-France démontrèrent que la colonie était française. Mais on ne peut s'empêcher de constater la continuation de la dépendance économique de la colonie vis-à-vis le Massachusetts. Les pêcheurs et les marchands de la Nouvelle-Angleterre continuèrent aussi nombreux, sinon plus qu'auparavant, à venir sur les côtes acadiennes. De même, les commerçants acadiens allèrent plus fréquemment s'approvisionner à Boston depuis que la guerre rendait le voyage moins périlleux.

Cependant, un fait demeurait. Toute décision française visant à restreindre, exclusivement aux naturels français, le commerce et la pêche en territoire acadien allait susciter une réaction chez certains groupes d'intérêt au Massachusetts, composés surtout de marchands, pêcheurs et habitants demeurant à la frontière. Ces derniers, désireux de défendre leurs droits acquis et la liberté dont ils avaient joui, proposaient une conquête de l'Acadie. C'était là tout le dilemme de l'Acadie : être française et se condamner à une conquête éventuelle par des colons américains ou s'accommoder avec ses voisins puissants et risquer de ne devenir qu'un comptoir anglais.

Le début de la guerre de Succession d'Espagne en Europe en 1702 fut l'occasion dont se servirent les colons pour régler les problèmes restés en suspens depuis le dernier conflit. Un de ces problèmes était le sort de l'Acadie qui, au grand désenchantement des colons du Massachusetts, avait été remise à la France en 1697. Cette fois-ci, le Massachusetts avait la ferme intention de faire de l'Acadie une colonie anglaise par droit de conquête.

Les attaques infructueuses de 1704 et de 1707 lancées contre la colonie française par le Massachusetts firent comprendre aux dirigeants qu'ils auraient besoin d'une aide militaire de l'Angleterre pour réaliser leur objectif.


Durant cette période, on assiste à une dégradation graduelle des conditions de vie en Acadie. Les attaques anglaises, les pillages des établissements isolés et surtout le blocus économique, mis en place par le Massachusetts, causèrent de plus en plus d'ennuis à la population. Toutes sortes de commodités que les Acadiens recevaient habituellement de Boston n'arrivèrent plus, tandis que leurs marchands ne pouvaient plus traverser l'étroit réseau de surveillance mis en place pour empêcher la contrebande. Il n'était pas possible non plus de recevoir ces marchandises de la France, car les routes maritimes étaient gardées par la puissante marine britannique. La conséquence de cet état de choses fut un abaissement du moral des troupes et des habitants ainsi qu'une diminution de la capacité de résistance de la population en général qui se doutait bien que la fin, c'est-à-dire la conquête, surviendrait dans un proche avenir.

Certaines marchandises arrivaient quand même en Acadie par une voie détournée. La guerre attira à Port-Royal un groupe de corsaires des Antilles françaises qui en firent leur port d'attache. Des capitaines comme Pierre Morpain, Pierre Maisonnat dit Baptiste et Daniel Robinau, attirés par l'appât du gain, commencèrent leurs attaques contre la flotte commerciale du Massachusetts. De la nourriture, du poisson et des produits manufacturés de toutes sortes furent débarqués à Port-Royal. Les corsaires saisirent pas moins de 35 bateaux et firent pour plus de 400 prisonniers durant la seule année 1709. Ce système d'approvisionnement comportait au moins deux désavantages : on ne savait jamais à l'avance ce qu'un bateau contenait et les captures de bateaux étrangers ne faisaient qu'attiser le désir de revanche.

Malgré les demandes pressantes de secours du gouverneur Subercase (1706-1710), Versailles peu de gestes, car la situation militaire en Europe était inquiétante. D'un autre côté, le Massachusetts obtenait l'aide réclamée à Londres; le gouvernement anglais accorda cinq vaisseaux de guerre ainsi que des troupes. Le Massachusetts put organiser un corps expéditionnaire de 1,000 hommes et reçut, en plus, des troupes des colonies du Rhode Island, du Connecticut et du New Hampshire.

Lorsque l'armada anglaise se présenta devant Port-Royal à la fin de septembre 1710, la population se prépara au quatrième siège de la guerre. Le gouverneur Subercase qui n'avait que 300 soldats à sa disposition ne put opposer qu'une faible résistance et dut capituler le 12 octobre.

 



Source:
Petit manuel d'histoire d'Acadie de 1670 à 1755, La librairie Acadienne de l'Université de Moncton, Jean Daigle, 1976


Dernière mise à jour : ( 28-07-2008 )
 
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