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L'histoire acadienne, au bout des doigts

15 août - Fête des Acadiens, Fête de l'Assomption Version imprimable

 

Photo d'un estrade lors d'un convention nationalLe choix d'une fête nationale a été le fait saillant de la Convention de Memramcook de 1881. Cette question a dominé les discussions. Les délégués étudièrent plusieurs propositions mais le débat se fit surtout entre la Saint-Jean-Baptiste, fête nationale des Canadiens-français, célébrée le 24 juin, et la Notre-Dame de l'Assomption, célébrée le 15 août.

Une discussion fort animée eut lieu. Les partisans de la Saint-Jean-Baptiste étaient d'avis qu'une fête commune à tous les Canadiens de langue française les unirait autour d'objectifs communs, face à la majorité anglophone du pays. Ils souhaitaient voir se resserrer davantage les liens entre l'Acadie et le Québec.

Les partisans de l'Assomption, par contre, affirmaient que l'histoire et la nationalité des Acadiens étaient différentes de celles des Canadiens-français; il fallait donc une fête bien acadienne pour renforcer cette identité nationale qui leur était propre. Le fait que la France avait été consacrée à la Vierge sous le règne de Louis XIII, à l'époque même de la fondation de l'Acadie, fut un argument utilisé en faveur du choix de cette fête.

Plusieurs discours furent prononcés lors du débat, dont un par l'abbé Marcel-François Richard, l'un des plus ardents promoteurs de l'Assomption. Son éloquent plaidoyer, avec celui des autres qui étaient de son avis, a vraisemblablement influencé la décision, car une majorité un peu juste vota en faveur de l'Assomption. Cependant, à l'invitation du président, toute l'assemblée manifesta son approbation en se levant pour acclamer le choix de ce symbole.

 

Voici les textes (en PDF et sur Scribd) des discours prononcés le 21 juillet 1881 lors de la première Convention nationale des Acadiens pour le choix du 15 août comme fête nationale acadienne (Liste des orateurs:  Pascal Poirier, Stanislas-J. Doucet, Philéas-Frédéric BoureoisMarcel-François Richard, Pierre Amand Landry, Camille Lefebvre, Joseph-Octave Arseneault, François-Xavier Cormier, Fidèle Belliveau, Hubert Girroir, Urbain Johnson, Stanislas-François Poirier (Perry)...

 

Origine de l'Assomption, Notre-Dame d’Acadie


Une pensée mariale avait embelli autrefois le berceau de l’Acadie naissante. Dès la fin de mai 1604, Champlain, voyageant avec De Monts et Poutrincourt, avait baptisé baie Sainte-Marie la nappe d’eau entrevue au-delà du cap Fourchu (Yarmouth). La baie Sainte-Marie de 1604, qui réfléchit dans ses eaux le village natal de Mgr Leblanc, est le premier hommage nominal à Notre-Dame en terre acadienne. La pensée de Champlain rejoint celle de Jacques Cartier qui baptisa île de l’Assomption, la terre canadienne qui est aujourd’hui l’île d’Anticosti, le 15 août 1535. Dans son journal, il écrivit: «jour de Notre-Dame d’août»

Image de l'assomptionUne seconde pensée mariale éclaira la seconde naissance de l’Acadie rendue à l'Assomption en 1632. Les vaisseaux de Razilly, qui transportaient des Capucins, atteignirent le rivage de la Hève le 14 août, ce qui laisse croire que la première messe célébrée, en présence des Gaudet, Landry et autres pionniers de la première heure, fut la messe de l’Assomption. On érigea ensuite une habitation centrale avec chapelle, dont la bénédiction eut lieu le 8 septembre, fête de la Nativité de Marie; cette habitation prit le nom de fort de Sainte-Marie de Grâce.

Le 15 août 1638, six ans après la réoccupation de l’Acadie, se produisit en France un événement que l’histoire et la liturgie ont enregistré sous le nom de «Voeu de Louis XIII». Ce jour-là, le pieux roi de France consacra à Notre-Dame de l’Assomption sa personne, sa famille et son royaume, y compris les colonies naissantes. La tradition s’établit alors en France - elle persiste encore - de la procession solennelle de l’Assomption et le 15 août continue d'être une fête d’obligation. Pour la plupart des ancêtres acadiens venus avec d'Aulnay entre 1612 et 1645, le souvenir de cette grandiose consécration et le culte de la Vierge de l’Assomption étaient très vivant dans leur mémoire. Il ne faut donc pas s'étonner que la première paroisse acadienne canoniquement érigée à Port-Royal par Mgr de Laval, le 3 octobre 1678, fût dédiée à Notre-Dame de l’Assomption.

Au cours du dernier siècle, plus de soixante-douze paroisses, chapelles, collèges et couvents d’Acadie ont été dédiés à Marie, depuis la cathédrale Sainte-Marie d’Halifax et la cathédrale de l’Assomption à Moncton jusqu’au couvent de Notre-Dame des Flots, aux Îles de la Madeleine.

Lorsqu'en 1881, l’Acadie réveillée prit conscience de sa prochaine destinée active, la voix du grand chef, qu'était Mgr Marcel Richard, s'est élevée pour consacrer à Notre-Dame de l’Assomption la société nationale qui se fondait à Memramcook. Cela, sous le toit du Père Lefebvre qui penchait plutôt pour une fusion totale avec les Canadiens-français sous l’égide de Saint-Jean-Baptiste. Qui dira aujourd’hui que Mgr Richard s’est trompé en restant fidèle à une tradition de trois siècles ? Qui prétendra que Pie XI s’est trompé en promulguant son décret de 1938 qui place solennellement tous les Acadiens sous le patronage de Notre-Dame de l’Assomption?

 

 

Source:
- La Petite Souvenance, «Un peuple à unir», numéro spécial pour le Centenaire du drapeau acadien 1884-1984, 1984, La Société historique acadienne de l'Île-du-Prince-Édouard.
- La renaissance acadienne au XXe siècle, Antoine Bernard (1949)

 


Dernière mise à jour : ( 15-08-2010 )
 
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